Profession bookmaker : l'interview d'un trader sportif chez Betclic

Bonjour Julien. Comment êtes-vous devenu bookmaker ?

Bonjour. Je suis devenu trader sportif par hasard. J'étais journaliste sportif à la radio où je commentais des matchs de foot, de hand, de basket... Et je suis venu sur Londres au moment où Betclic () se montait. Au départ, ce n'était qu'une petite start-up et je me suis occupé de l'animation du site tout en aidant les 2 bookmakers à rentrer les résultats du football français. Petit à petit, ils m'ont pris en main et m'ont appris toutes les ficelles du métier, ce qui m'a pris environ 6 mois. Presque 4 ans plus tard, à 29 ans, je suis responsable du football français.

Quelles sont les compétences requises pour faire un bon bookmaker ?

Il faut avoir un esprit mathématique, statistique. C'est indispensable. Tout comme il est indispensable de suivre l'actualité au quotidien. Il faut être un accroc de l'actualité sportive. Il faut faire attention à tous les détails parce que la moindre petite erreur peut avoir une grande incidence.

Comment se déroule une journée de travail ?

En arrivant le matin, on lit la presse sportive pour se tenir au courant de l'actualité. Puis on vérifie nos résultats, nos cotes pour les matchs à venir, si on n'a pas pris de sommes trop importantes sur certains choix... Ensuite, on ajoute des types de paris, comme le nombre de buts, les buteurs, sur les différents matchs.

En fait, nous sommes une quarantaine à travailler 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Il y a des équipes de nuit qui travaillent essentiellement sur les sports US. Ceux qui travaillent le matin évaluent les risques, fixent de nouvelles cotes. Et ceux qui interviennent le soir sont essentiellement ceux qui travaillent sur les live betting. C'est un travail un peu stressant. Mais on est dans le sport, il n'y a pas de routine.

Chaque bookmaker a-t-il sa spécialité ?

Au début, il n'y avait pas de spécialistes. Mais, maintenant, nous sommes une quarantaine de traders à travailler chez Betclic. En fait, nous sommes divisés en 3 départements : le football, le tennis et un département généraliste qui rassemble les autres sports. Pour le football, c'est vrai qu'il y a un spécialiste par pays. Je suis moi-même responsable du football français. J'interviens en priorité sur la Ligue 1, la Ligue 2. Mais il m'arrive également de coter les matchs de National, CFA et CFA2.

Comment sont fixées les cotes sur un événement ?

De manière statistique. Nous avons à notre disposition une base de données qui compile plus de 10 ans de résultats de football. Avant d'avoir ces outils statistiques, les traders étaient capables de donner une cote sur un match de tête. En fait, il y a 2 sortes de traders : le gros matheux qui est capable de dire que telle équipe a 70% de chances de s'imposer et fixe donc une cote de 1.4. Et il y a celui qui se base sur l'expérience, sur les similitudes entre 2 événements. A partir de là sont fixées les cotes brutes. Des cotes que l'on affine ensuite grâce aux stats.

Comment se déroule un live ?

Le trader dispose de 3 écrans pour son live. A sa gauche, il a une télé sur laquelle il suit le match, un casque sur les oreilles pour être à fond dans son match. En face de lui, il a sa plate-forme de live sur laquelle il va faire évoluer les cotes fixées avant-match en fonction de ce qu'il voit. Et sur le 3e écran, il dispose d'informations, comme la feuille de match, et d'autres infos qui pourront être utiles durant son live. Lors des soirées Ligue des Champions, c'est assez animé puisque, avec les autres sports, il y a une quinzaine de live en même temps.

Il ne faut pas penser que le live c'est le trader contre le joueur. Le but est de ne pas perdre d'argent, ou plutôt d'offrir le prix le plus juste. Car ce que nous offrons, c'est avant tout un service. Le live, c'est tout un exercice où il faut être rapide et réactif.

Dernière question : êtes-vous vous-même un parieur ou cela vous est-il interdit ?

Oui, je suis parieur. La seule interdiction est de parier chez et pendant les heures de travail. C'est important de parier car c'est se mettre à la place du joueur. Cela permet de garder un oeil averti et de prendre du recul. Mais ce n'est pas parce que je travaille chez un bookmaker que je fais des meilleurs paris. Sinon, je serai joueur professionnel.